Fondée en 1908, la Société d’Encouragement au Progrès (S.E.P.) a vu le jour pendant la « Belle Époque », une ère de prospérité et d’innovations en France, marquée par l’élan de la Seconde Révolution industrielle.
Parmi ses membres fondateurs figurent des personnalités emblématiques telles que les frères Auguste et Louis Lumière, pionniers du cinéma. Depuis plus d’un siècle, la Grande Médaille d’Or de la S.E.P. récompense chaque année des personnalités et des institutions dont les contributions ont profondément façonné le progrès humain.

Dans le prestigieux « Cercle de l’Union Interalliée », situé rue du Faubourg-Saint-Honoré à Paris, à quelques pas du Palais de l’Élysée, s’est tenu au mois d’octobre 2024 un événement exclusif et de grande envergure. Devant une centaine d’invités, Son Altesse Sérénissime le Prince Albert II de Monaco a été honoré par la remise de la « Grande Médaille d’Or » de la Société d’Encouragement au Progrès (S.E.P.), la plus haute distinction décernée par cette institution.

Par cette distinction, le Prince Albert II de Monaco rejoint un cercle très restreint de grandes figures ayant marqué l’histoire par leurs contributions exceptionnelles.
En exclusivité pour le magazine Destake News Business, Eliana Ovalle, Déléguée Générale de la S.E.P. au Brésil, revient sur sa carrière et cette prestigieuse récompense.

DESTAKE NEWS BUSINESS : Eliana, comment avez-vous débuté votre parcours artistique à Paris ?
Eliana Ovalle : Je me suis mariée avec un Français et j’ai eu ma fille, Bianca. J’ai suivi une formation théâtrale au prestigieux Cours Simon, une référence en France, et j’ai rapidement été invitée à jouer le rôle principal dans la pièce Ma Cousine de Varsovie de Louis Verneuil. Cependant, mon mari a décidé que nous déménagerions au Brésil, ce qui m’a amenée à décliner l’invitation. J’ai transformé cette frustration en action : j’ai acquis les droits de la pièce, effectué la traduction et, avec une équipe talentueuse composée d’Elisângela, Paulo Figueiredo et Rogério Fabiano, nous avons présenté la pièce au Théâtre da Praia, à Copacabana. Au Brésil, j’ai joué dans des feuilletons sur TV Globo et TV Manchete, ainsi que dans des émissions comme Chico Anysio Show et Os Trapalhões. Ce parcours m’a permis de combiner mon expérience internationale avec les opportunités de la scène artistique brésilienne.
DNB : Après votre retour de France, quels ont été les principaux projets et réalisations que vous avez développés à Rio de Janeiro ?
Eliana : À Rio, j’ai cherché à élargir mes connaissances en obtenant un diplôme en psychologie de l’IBMR et en me spécialisant en coaching, en devenant Master Coach par la Febracis, ainsi qu’en programmation neurolinguistique. J’ai ressenti le besoin de contribuer socialement, ce qui m’a conduite à créer et présenter, en 1997, l’émission Antes e Depois. Initialement diffusée sur Vinde TV, c’était une émission d’interviews avec des artistes, des chirurgiens plastiques et des entrepreneurs. En raison de son succès, elle a été transférée sur TV CNT, devenant une émission de variétés avec public. Nous avons mené diverses campagnes pour collecter des aliments, des vêtements et même faciliter des chirurgies plastiques, devenant un point de repère en matière d’utilité publique et dans la programmation évangélique. De plus, j’ai coécrit deux livres avec mon amie Sylvia Crivella et, actuellement, je contribue à une chronique sociale sur le site Destake News.
DNB : Eliana, quel a été le rôle le plus difficile de votre carrière ?
Eliana : Chaque projet apporte ses défis, mais interpréter le rôle principal dans la pièce Ma Cousine de Varsovie a été, sans aucun doute, l’un des moments les plus marquants de ma carrière. En plus de jouer dans une autre langue, j’ai dû adopter un accent polonais, jouer dans une culture différente et me produire à Paris, dans le théâtre renommé où tout a commencé. Curieusement, après mon départ pour le Brésil, le propriétaire du théâtre a envoyé un ami assister à la représentation à Rio et, à ma grande surprise, j’ai été invitée à revenir à Paris pour jouer le même rôle dans le même théâtre. C’était une histoire guidée par la main de Dieu, car, grâce à ma performance dans cette pièce, j’ai été honorée par la Société d’Encouragement au Progrès (S.E.P.) lors de la cérémonie annuelle avec une médaille et invitée à devenir la Déléguée Générale de l’institution au Brésil.
DNB : La S.E.P. a une longue histoire. Pouvez-vous nous rappeler comment elle est née, ses principaux objectifs et sa raison d’être ?
Eliana : Fondée en 1908 en France, pendant l’effervescente époque de la Belle Époque, la Société d’Encouragement au Progrès (S.E.P.) est née du désir de promouvoir un progrès durable et conscient. Inspirée par les idéaux d’Alfred Nobel et connue comme le « Prix Nobel français », la S.E.P. a pour objectif d’encourager les talents prometteurs et les innovations ayant un potentiel d’avenir. Nous reconnaissons aussi bien les individus que les réalisations qui honorent le génie humain, comme l’Institut Pasteur, l’avion Concorde et le Collège de France. Parmi ses membres fondateurs figurent des personnalités emblématiques, telles que les frères Lumière, pionniers du cinéma. Depuis sa création, la S.E.P. honore des individus et des institutions qui se consacrent à préserver des valeurs intemporelles, en promouvant le respect de la science, de la culture, de la médecine, de l’aviation et des causes sociales. Reconnue d’utilité publique depuis 1925, la S.E.P. poursuit aujourd’hui sa mission de stimuler le progrès et d’inspirer les générations futures à innover avec responsabilité.
DNB : Comment décrivez-vous l’expérience et la responsabilité de représenter la Société d’Encouragement au Progrès au Brésil, une institution avec une telle tradition et pertinence ?
Eliana : Représenter la S.E.P. au Brésil depuis 30 ans est, sans aucun doute, un grand honneur et une responsabilité inspirante. En tant que Déléguée Générale, ma mission est d’identifier et de recommander des Brésiliens qui contribuent de manière remarquable au progrès et au développement du pays. Chaque recommandation est soigneusement analysée par le comité de la S.E.P., et les lauréats sont honorés lors de cérémonies solennelles organisées au Sénat français ou à l’École Militaire, à Paris. Reconnaître le talent brésilien à l’international valorise non seulement nos réalisations, mais renforce également les liens culturels et de connaissance entre le Brésil et la France.
DNB : Citez quelques Brésiliens illustres qui ont été honorés par la médaille de la Société d’Encouragement au Progrès au cours de ces 30 années.
Eliana : Au cours des 30 dernières années, de nombreuses personnalités ont été distinguées par la S.E.P., parmi lesquelles des noms de grand prestige comme le Dr Ivo Pitanguy, le député Arolde de Oliveira, l’actrice Léa Garcia, le procureur de la municipalité de Rio de Janeiro Dr Marcelo Marques, le professeur Hermínio da Silveira, PDG de l’IBMR, les médecins Dr Euderson Kang et Dr Ricardo Cavalcanti, ainsi que le célèbre carnavalesque Joãozinho Trinta. Cette année, j’ai eu l’honneur de proposer six Brésiliens illustres qui se sont distingués dans leurs domaines respectifs : le chirurgien plasticien Dr Marcelo Daher, la gestionnaire culturelle de la marque LAD Maria Araújo, l’activiste sociale Mariana Nogueira, la procureure de la Banque centrale Márcia Corrêa Neves, la pianiste et grande interprète de Villa-Lobos Sonia Rubinsky, et la pharmacienne et écrivaine Ana Maria Tourinho.
DNB : Comment sont classées les médailles décernées par la S.E.P. ?
Eliana : Les distinctions de la S.E.P. sont graduelles, reconnaissant les talents à toutes les étapes de leur parcours. Nous attribuons des médailles de Bronze, d’Argent, de Vermeil et d’Or, culminant avec les Grandes Médailles d’Or, destinées aux services exceptionnels rendus à la cause du progrès. Depuis plus d’un siècle, la Grande Médaille d’Or récompense chaque année des personnalités et des institutions dont les contributions ont profondément marqué le progrès humain. Parmi les lauréats historiques, on compte Louis Lumière pour le cinématographe (1924), Jacques Cousteau, explorateur des océans et directeur du Musée océanographique de Monaco, François Michelin, président de Michelin, et plus récemment des figures comme Luc Montagnier, co-découvreur du virus VIH et lauréat du prix Nobel de Médecine, et en 2024, le Prince Albert II de Monaco, rejoignant une liste de plus de cent personnalités primées depuis 1908.
DNB : Quelle a été la contribution du Prince Albert II de Monaco à la S.E.P. ? Pourriez-vous nous parler un peu de la cérémonie de remise ?
Eliana : Son Altesse Sérénissime le Prince Albert II de Monaco a reçu la Grande Médaille d’Or de la S.E.P. en reconnaissance de ses efforts remarquables pour la protection des océans et la défense de l’environnement. La cérémonie a eu lieu en octobre, dans le prestigieux Cercle de l’Union Interalliée, à Paris, en présence d’environ cent invités. Jean-François Roubaud, président de la S.E.P., a souligné l’engagement du Prince envers des causes telles que l’agriculture durable et la préservation de la planète, mettant en avant son impact inspirant. Dans son discours, le Prince a remercié pour cette distinction et a réaffirmé son engagement envers la protection de l’environnement, honoré de rejoindre un groupe aussi illustre de lauréats. Parmi les invités figuraient S.A.S. le Prince Charles Marie Bernard Gennaro de Bourbon des Deux-Siciles, Madame Valérie Bruell-Melchior (ambassadrice de Monaco en France), Madame Claudie Haigneré (ancienne ministre et astronaute), Jacques Rougerie (architecte et océanographe), Denis de Kergorlay (président du Cercle de l’Union Interalliée), Madame Emmanuelle Duez (présidente d’entreprises et associations, administratrice de la S.E.P.), André de Saint-Pétersbourg (secrétaire général de la S.E.P.), Denis Jager (1er parrain, coordinateur du club “Ambassadeurs du Progrès” de la S.E.P.), Jocelyne Biguet, conseillère de la S.E.P., et Maria Araújo (directrice de L.A.D.).
DNB : Comment la notion de progrès a-t-elle évolué depuis la création de la S.E.P. en 1908 ?
Eliana : Initialement, le progrès était perçu comme une amélioration continue grâce à l’avancement scientifique et technologique. Toutefois, des événements comme Hiroshima et les défis écologiques et bioéthiques actuels nous ont conduits à réfléchir aux conséquences de ce progrès. La S.E.P. défend une vision du progrès véritablement humain, respectueuse de la nature, de la vie et des générations futures. Nous agissons dans des domaines tels que l’éducation, la préservation de l’environnement et la gestion durable, en promouvant des initiatives innovantes comme l’agriculture biologique et le reboisement. Nous avons aussi introduit le concept de “régrès”, qui alerte sur les impacts négatifs du progrès et encourage des actions pour les atténuer.
DNB : Votre réseau dépasse-t-il les frontières françaises ?
Eliana : Absolument. Dès les années 1960, la S.E.P. a commencé à honorer des personnalités étrangères, comme Raoul Nordling, qui sauva Paris pendant la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, nous, les délégués, agissons à travers le monde pour promouvoir nos valeurs et collaborer avec des partenaires internationaux. Nos partenariats avec des institutions prestigieuses, telles que la Société d’Encouragement à l’Industrie Nationale (SEIN), nous permettent d’élargir notre impact à l’international. Cette ouverture est essentielle pour relever les défis mondiaux du XXIe siècle.



